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| Twenty Eight Nights and a Poem. Airplane, 2012 © Akram Zaatari |
Akram Zaatari le rappelle souvent. Le support de son travail en tant qu’artiste n’est pas uniquement l’image, la lettre ou le mot. Son principal médium et outil, c’est le temps. Le temps et son intervention sur les cheminements individuels, sur les histoires liées à l’altérité et au territoire, qu’il plonge dans l’oubli, qu’il fait évoluer, qu’il métamorphose parfois en légendes pour mieux les révéler. Pas étonnant donc si l’artiste se considère comme un archéologue obsédé par une autre sorte de ruines, celle de l’ordinaire devenu passé, et qui concentre pourtant, en ses strates, le fascinant et l’actuel. L’à-venir aussi.
Dans « Le narrateur », Walter Benjamin constate : « Ne s’est-on pas aperçu à l’armistice que les gens revenaient muets du front ? Non pas enrichis mais appauvris en expérience communicable. » Akram Zaatari serait justement ce narrateur qui réconcilie la trace et le souvenir avec la possibilité de communiquer, de se dire après l’oubli ou les déflagrations. Dire le passé -inaperçu- ou projeter le présent vers le futur, à travers ces capsules temporelles dont il définit ainsi la nécessité : « A chaque fois que je révèle une bribe du passé, je ressens comme une obligation d’envoyer une lettre au futur ».
Dans « Le narrateur », Walter Benjamin constate : « Ne s’est-on pas aperçu à l’armistice que les gens revenaient muets du front ? Non pas enrichis mais appauvris en expérience communicable. » Akram Zaatari serait justement ce narrateur qui réconcilie la trace et le souvenir avec la possibilité de communiquer, de se dire après l’oubli ou les déflagrations. Dire le passé -inaperçu- ou projeter le présent vers le futur, à travers ces capsules temporelles dont il définit ainsi la nécessité : « A chaque fois que je révèle une bribe du passé, je ressens comme une obligation d’envoyer une lettre au futur ».
Au Moderna Museet de Stockholm, l’exposition dédiée à l’artiste s’intitule Unfolding. C’est le déploiement d’histoires « personnelles et pourtant profondément universelles »*, ainsi que le résume Magnus Af Petersens, commissaire de l’exposition. La mémoire d’un studio de photo devenu source d’archives, le refus d’un soldat de n’être qu’un soldat aux ordres, les lettres qui traversent les murs des années et de la prison, des poses volées à l’oubli, c’est ce que racontent et transfigurent « Twenty eight nights and a poem", « Letter to a refusing Pilot », « All is Well on the Border », «In This House»… ainsi que des photos puisées dans l’Arab Image Foundation, qu’Akram Zaatari a fait évoluer avec le temps en plateforme de projets d’art contemporain avec l’image comme objet de réflexion et source inépuisable d’inspiration.
*Source (Art Media Agency)
Unfolding, Akram Zaatari, Moderna Museet de Stockholm. Jusqu’au 16 Août 2015.
